6 idées reçues sur l’ordonnance numérique en pharmacie
Attendue avec impatience par les uns, prudence par les autres, l’ordonnance numérique est en voie de déploiement sur tout le territoire français. Elle sera opérationnelle d’ici fin avril 2023 dans des départements « test ». L’assurance maladie entend généraliser au plus tard le 31 décembre 2024 ce service socle du « Ségur du numérique en santé », qui vise à favoriser la coordination entre professionnels de santé, améliorer le parcours de soins et enrayer la circulation de fausses ordonnances.
Pour bénéficier de ce nouveau service, il vous faudra simplement disposer de la mise à jour Ségur de votre logiciel de gestion d’officine (LGO), à commander dès à présent auprès de votre éditeur (avant le 3 mars 2023 si vous êtes équipé Smart Rx) pour bénéficier de la prise en charge financière intégrale par l’État.
Mais comme tout projet depuis longtemps dans les tuyaux, l’ordonnance numérique suscite rumeurs, interrogations et parfois malentendus. Réponse aux idées reçues les plus courantes.
Idée reçue N°1 : « Avec l‘ordonnance numérique, ça en est fini des ordonnances papier ! »
L’ordonnance numérique n’est pas une prescription 100% dématérialisée. Le patient continue de recevoir une ordonnance papier, qui pourra être lue « digitalement » par le pharmacien au moyen d’un QR code unique présent sur le document.
Exécuter au moins 35 % des ordonnances de ville via le processus de e-prescription sur le 2e semestre 2023 vous rendra éligible à une rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) de 250 euros, le montant le plus élevé pour un indicateur relatif à l’utilisation des fonctionnalités Ségur. En 2024, l’usage de l’ordonnance numérique deviendra un indicateur socle de la ROSP pour le développement du numérique en santé, avec un objectif de 70 % des délivrances.
Idée reçue N°2 : « Avec l’ordonnance numérique, il sera tout aussi facile de frauder. »
Dans le domaine de la sécurité informatique, il n’existe pas de risque zéro, toutefois tous les acteurs concernés s’accordent à juger l’ordonnance numérique bien plus difficile à falsifier qu’une prescription traditionnelle. C’est l’intérêt du QR code à usage unique, pierre angulaire de l’ordonnance numérique.
L’authenticité de la prescription est garantie par la carte CPS du médecin, indispensable pour émettre le fameux code. Le pharmacien peut également contrôler si un traitement a déjà été délivré. Enfin, les données de prescription sont hébergées en France sur une base sécurisée de l’assurance maladie.
Idée reçue N°3 : « L‘ordonnance numérique est chronophage et complique mon exercice officinal. »
Les expérimentations menées dans des pharmacies dans trois départements (Maine-et-Loire, Val-de-Marne, Saône-et-Loire) de 2019 à 2021 avec la participation de Smart Rx ont justement permis d’essuyer les plâtres. L’objectif n’est en rien de modifier l’exercice du médecin ni celui du pharmacien. Au contraire, l’ordonnance numérique fiabilise les processus de prescription et de dispensation effectués à l’aide des logiciels métiers respectifs… avec à la clé un gain de temps pour le pharmacien, grâce au transfert automatique des pièces justificatives vers la base de l’assurance maladie.
Par ailleurs, toutes les règles de délivrance en vigueur continuent de s’appliquer avec l’ordonnance numérique en pharmacie, dont le suivi des dispensations préalables, la prise en compte des différents types d’ordonnance (classique, bizone, sécurisée…) et des ajouts manuscrits.
Idée reçue N°4 : « Il me sera impossible de modifier une ordonnance numérique. »
De ce côté, rien ne change et c’est tant mieux, puisque le pharmacien peut toujours ajuster la prescription du médecin dans les conditions prévues réglementairement. Une fois scanné le QR code avec la douchette, la liste des médicaments prescrits s’affiche avec des cases à cocher. Si le pharmacien décide d’un changement, il lui suffit de renseigner dans le LGO (Logiciel de Gestion d’Officine) le motif qui l’a amené à ce choix.
Qu’il y ait modification ou pas, les données de délivrance sont enregistrées dans la base de données de l’assurance maladie et peuvent être consultées par le médecin prescripteur si le patient l’accepte. Ce dernier peut retrouver son ordonnance au format PDF dans « Mon espace santé ».
Idée reçue N°5 : « En cas d’impossibilité de lire le QR code, je ne pourrai pas délivrer les traitements. »
Pas de panique, si une raison technique ou autre vous empêche de scanner le QR code, il reste tout à fait possible de renseigner l’identifiant de l’ordonnance numérique (figurant sous le QR code) dans le champ prévu à cet effet, ou bien de traiter l’ordonnance comme une ordonnance papier classique comme fait actuellement en pharmacie.
Dans tous les cas, le pharmacien garde son libre arbitre quant au mode de traitement de la prescription. Précisons aussi que les patients recevant une ordonnance numérique conservent toute latitude pour choisir la pharmacie où celle-ci sera exécutée.
Idée reçue N°6 : « L‘ordonnance numérique : voilà encore une spécificité française ! »
En France, nous sommes peut-être les champions de la complexité administrative, mais notre course à la e-santé s’apparente plutôt à un rattrapage… en vue précisément de simplifier et sécuriser les échanges. L’ordonnance numérique est loin d’être une spécialité française. De nombreux pays européens l’ont déjà instaurée, à l’image des pays scandinaves et parfois bien avant nous : dès les années 1990 au Danemark !
Aux Pays-Bas, quasiment toutes les ordonnances sont dématérialisées. La e-prescription se développe également en Espagne, au Royaume-Uni… Et non sans quelques “bugs” chez nos voisins belges il est vrai mais les systèmes et opérateurs diffèrent selon les pays. En France, l’expérimentation dans des pharmacies dans trois départements a fait ressortir la simplicité d’utilisation, la sécurisation et la qualité d’accompagnement par l’assurance maladie et les éditeurs.
En résumé : des avantages pour tous !
Avant de juger sur pièces, une chose est sûre : l’ordonnance numérique ne va pas nous précipiter dans un monde 100% digital et encore moins remplacer l’expertise pharmaceutique, plus nécessaire que jamais ! L’ordonnance numérique simplifie en revanche les échanges entre professionnels de santé de ville, fiabilise les prescriptions des médecins et permet un meilleur suivi de leurs patients. Aux pharmaciens, elle fait gagner du temps en automatisant le transfert des pièces justificatives et elle diminue le risque de fausses ordonnances. Aux patients enfin, elle procure une prise en charge mieux coordonnée et un accès simplifié à leurs ordonnances via « Mon espace santé ». Pour les pharmacies utilisant le logiciel Smart Rx, vous pouvez retrouver comment prendre en charge une ordonnance numérique sur la page « Formation aux nouveautés Ségur » de notre site internet.
*Logiciel SMART RX FES – 4.0 (Agrément 6b977ed8e5) : https://shorturl.at/BsHGb